Une semaine à Taluen. Chapitre 3 : le village, le premier soir

Publié le par Anne-Marie Schoen

En plein cœur du village, la maison de Linia Opoya. A gauche, la maison de couchage sur pilotis, reliée par un espace couvert une maison basse constituées d'une terrasse avec à l'arrière une petite pièce qui peut servir de cuisine ou d'atelier pour Linia, A droite un espace cuisine et au fond un espace avec quelques hamacs.

En plein cœur du village, la maison de Linia Opoya. A gauche, la maison de couchage sur pilotis, reliée par un espace couvert une maison basse constituées d'une terrasse avec à l'arrière une petite pièce qui peut servir de cuisine ou d'atelier pour Linia, A droite un espace cuisine et au fond un espace avec quelques hamacs.

Sous le carbet du fond une réserve de bois, la cahute derrière abrite un groupe électrogène. Ce groupe ne marche presque que le soir, pour regarder la télé, recharger les portables.  Dans la maison il y a un congélateur qui accumule donc du froid pendant ces quelques heures et qui fait office de glacière.

Sous le carbet du fond une réserve de bois, la cahute derrière abrite un groupe électrogène. Ce groupe ne marche presque que le soir, pour regarder la télé, recharger les portables. Dans la maison il y a un congélateur qui accumule donc du froid pendant ces quelques heures et qui fait office de glacière.

Le village dispose d'un éclairage public qui fonctionne à l'énergie solaire. Les batîments de l'école, de la mairie, du centre de soin, les logements des professeurs en diposent aussi.

Les particuliers pourraient en bénéficier, le raccordement n'est évidement pas gratuit et, si j'ai bien compris il faut un assentiment collectif.

Sur la terrasse en train de regarder un dessin animé, Maru (orthographe incertaine, le r se prononce entre r et l) le plus jeune fils de Linia et Tasikale, de son vrai nom Donovan. C'est la seule maison du village où la télé est dehors

Sur la terrasse en train de regarder un dessin animé, Maru (orthographe incertaine, le r se prononce entre r et l) le plus jeune fils de Linia et Tasikale, de son vrai nom Donovan. C'est la seule maison du village où la télé est dehors

Avant de continuer à vous raconter Taluen je tiens à préciser que ce n'est pas une étude scientifique, mes sources sont ma propre expérience, quelques lectures, mes propres impressions et tout ce que, Linia surtout, et quelques autres nous ont dit, que je relate à la mesure de ce que j'en ai compris.

Linia et moi : pause à l'abatis, le moment de se parler...

Linia et moi : pause à l'abatis, le moment de se parler...

En arrivant au village, après avoir remonté la pente depuis le dégrad, nous arrivons au centre du village. Autour du tukusipan central, qui est un carbet commun, se trouvent l'école, quelques habitations dont celle de Linia et un bâtiment tout neuf, celui que j'appelle la mairie, qui abritera les locaux du parc amazonien, une mairie annexe et un bureau de poste.

Nous trouvons, assis sur un banc devant leur terrasse, Linia Opoya et son mari Tasikale Alupki. Ils viennent de passer une dure journée à l'abatis.

Ils nous proposent de nous installer sous le tukusipan avant la tombée de la nuit.

Le tukusipan, carbet communautaire qui abrite les fêtes, les réunions  et les visiteurs.

Le tukusipan, carbet communautaire qui abrite les fêtes, les réunions et les visiteurs.

 Au sommet une oie. D'après Linia le mot "tukusi" dans tukusipan veut dire oie. Dans le dictionnaire en ligne wayana-francais, donné en référence par l'inspection académique à ses enseignants, "tukusi" veut dire colibri ...je ne saurai trancher !

Je n'avais rien trouvé ni sur internet ni en librairie avant de partir mais en revenant, sachant par les profs rencontrés là bas que l'inspection leur avait récemment envoyé un lien vers un ouvrage en ligne, j'ai cherché de nouveau,

Je ne vais pas apprendre le wayana seule avec un livre ! Mais cela me permettra de vérifier des petites choses et peut être de savoir trois mots la prochaine fois...

Notre installation pour la nuit

Notre installation pour la nuit

Des oies il y en a aussi de vraies, elles appartiennent à Aima le frère de Linia qui a sa maison au bord du fleuve.

Des oies il y en a aussi de vraies, elles appartiennent à Aima le frère de Linia qui a sa maison au bord du fleuve.

Celle ci prétendait nous empêcher de prendre de l'eau !

Celle ci prétendait nous empêcher de prendre de l'eau !

Dans le village on trouve de nombreuses bornes d'eau potable comme celle-ci. Les particuliers n'ont pas l'eau courante chez eux. Seules à ce jour les maisons des professeurs, l'école, la mairie annexe et le centre de soins en disposent.

L'eau est captée au moyen de pompes à énergie solaire et stokée dans des réservoirs. Ces derniers sont  trop petits et souvent les points d'eau se tarrissent après le coucher du soleil et il faut attendre qu'il soit bien levé pour en avoir de nouveau. Parfois il n'y a plus d'eau à la mairie et il en reste ailleurs, parfois il n'y en a plus nulle part. 

Les gens font des provisions d'eau dans des grands seaux pour en avoir toujours un minimum.

Tous ont accès à deux douches avec des toilettes dans les locaux de la mairie annexe. Peu de gens les utilisent.

Le système d'épuration des eaux usées de la mairie, à base de plantes, juste à côté des batiments semble fonctionner remarcablement, pas de débordements ni d'odeurs ! On ne peut pas en dire autant de notre cage à poule dorée à Remire Montjolly où les problème d'égouts sont récurents malgré des nombreux aménagement et réparations qui ont eu lieu depuis que nous y sommes.

Au village les gens ont gardé l'habitude de se laver, de faire la vaisselle la lessive et leurs besoins dans le fleuve même si ils utilisent souvent les bornes d'eau potable aussi pour les même usages_ enfin pas le dernier !

L'eau potable est gratuite. La mise en service du "tout à l'égout" est envisagée. Dans ce cas il faudra payer l'eau et certains hésitent car ils craignent de ne pas en avoir les moyens.

Cependant l'augmentation de la population des villages* risque de rendre certaines mesures  d'hygiène nécessaires.

L'eau est déjà  polluée par le mercure.*

Les gens sont atteints plus ou moins gravement. par les maladies qui lui sont liées. Il est évident qu'il ne faut pas boire l'eau du fleuve comme aux temps anciens, même bouillie, et certains poissons carnivores sont répertoriés et leur consommation déconseillée. Ce que respectent où non les villageois. J'ai parlé avec des personnes qui n'avaient pas pris au sérieux ces conseils et qui à présent sont bien touchés. Elles ne veulent plus rien avoir à faire avec l'eau du fleuve. Ni manger les poissons, ni s'y baigner.

Les femmes enceintes et allaitantes sont particulièrement sensibilisées au problème par le centre de soin d'autant que la coutume, sans aucun doute bénéfique,qui consiste à allaiter un enfant jusqu'à trois ans voir plus persiste.

*Les anciens villages comptaient une quarantaine de personnes au plus. Ensuite certains s'en allaient et fondaient un nouveau village. Actuellement Taluen compte 250 à 300 habtants, Antacum Pata aussi.

*Les expoitations d'or légales n'utilsent plus le mercure en France. Toutefois le Surinam sur l'autre rive n'a pas la même règlementation et beaucoup d'illégaux viennent du Brésil et attaquent même parfois les populations.

L'action contre ce fléau est une revendication majeure des améridiens.

la voûte vue de l'intérieur du tukusipan

la voûte vue de l'intérieur du tukusipan

Le ciel de case, maluwana, qui aété réalisé par Aima

Le ciel de case, maluwana, qui aété réalisé par Aima

Aujourd'hui les ciel de case sont fabriqués aussi pour la vente. C'est un produit très aprécié des occidentaux. Les artisans qui en fabriquent les écoulent soit par vente directe sur des marché artisanaux hors de la zone protégée, sur commande et par l'intermédiaire d'associations comme GADEPAM par exemple. 

Aima (Aïmawale Opoya) le frère aîné de Linia au travail sur une commande.

Aima (Aïmawale Opoya) le frère aîné de Linia au travail sur une commande.

Figures du maluwana. Photos du panneau explicatif placé sous le tukusipan.
Figures du maluwana. Photos du panneau explicatif placé sous le tukusipan.
Figures du maluwana. Photos du panneau explicatif placé sous le tukusipan.
Figures du maluwana. Photos du panneau explicatif placé sous le tukusipan.
Figures du maluwana. Photos du panneau explicatif placé sous le tukusipan.
Figures du maluwana. Photos du panneau explicatif placé sous le tukusipan.
Figures du maluwana. Photos du panneau explicatif placé sous le tukusipan.

Figures du maluwana. Photos du panneau explicatif placé sous le tukusipan.

Les motifs du ciel de case apparaîssent nettement en relief. La technique de mise en couleur est délicate. Le contour de chaque partie est délimitée par un incision dans le bois qui retient le mélange coloré (à base d'argile et de colle) 

Le ciel de case représente des monstres mythiques. C' est un élément protecteur placé en haut du tukusipan Les monstres du maluwana sont souvent des habitants des eaux qui empèchent les humains d'y naviguer en sécurité.

Les traditions wayanas -maluwana, marake, tukusipan- remontent à une époque relativement récente .

Jusqu'au début du 19ème siècle, les Améridiens vivaient en petit clans endogames dans les forêt  circulant sous le couvert dans des layons et se livrant à des guerres fratricides. Alors petit à petit, des alliances se sont créées, rendant possible l'établissement de villages et la pratique de l'agriculture, ces villages se sont raprochés des fleuves qui sont devenus leurs voies de communication pour  favoriser les échanges entre groupes et aussi avec les groupes bushinengués aluku et avec les blancs dont ils recherchaient les produits manufacturés.

Les  amérindiens qui sont aujourd'hui les wayanas vivaient dans les Tumuc Humac, plutôt au Brésil.Ils ont migré vers le nord et se sont installés en Guyane francaise. 

à propos du ciel de case : 

-Ciel de case. Mythes et art autour du maluwana. Marie Fleury dans Une saison en Guyane

et le document déja cité dans un précédent article :

-Élément  d'histoire de l'art du malawana ( Ciel de case wayana)(Ti’iwan Couchili, plasticienne - Didier Maurel,  conseiller pédagogique L. & C. amérindiennes)

à propos des wayanas :

Les livres de Jean Chapuis téléchargeables gratuitement.

" Wayana eitoponpë. (Une) histoire (orale) des Indiens Wayana." que j'ai découvert dans la bibliothèque à Taluen puis téléchargé, est une mine de renseignements passionnante et bien plus encore. 

Aima Il doit avoir une soixantaine d'années) qui est le premier Wayana a être allé à l'école jusqu'en seconde, est un des contruteurs à l'écrture de ce livre.

Dans la bibliothèque du village située dans l'école, je découvre le livre de Jean Chapuis.

Dans la bibliothèque du village située dans l'école, je découvre le livre de Jean Chapuis.

Quand nous avons été installés sous le Tukusipan Linia et Tasikale sont partis poser des filets et nous les avons accompagnés.

Embarquement
Embarquement
Embarquement

Embarquement

Sur le fleuve, d'abord direction le Surinam pour un arrêt chez le chinois d'en face (Photo 2 : le petit bâtiment  bleu)  Ce n'est pas aussi près que cela.
Sur le fleuve, d'abord direction le Surinam pour un arrêt chez le chinois d'en face (Photo 2 : le petit bâtiment  bleu)  Ce n'est pas aussi près que cela.
Sur le fleuve, d'abord direction le Surinam pour un arrêt chez le chinois d'en face (Photo 2 : le petit bâtiment  bleu)  Ce n'est pas aussi près que cela.
Sur le fleuve, d'abord direction le Surinam pour un arrêt chez le chinois d'en face (Photo 2 : le petit bâtiment  bleu)  Ce n'est pas aussi près que cela.

Sur le fleuve, d'abord direction le Surinam pour un arrêt chez le chinois d'en face (Photo 2 : le petit bâtiment bleu) Ce n'est pas aussi près que cela.

Tasikale pose son filet.  L'endroit choisi est sur le fleuve, en aval du chinois, pas très loin de la rive Surinamaise. Le filet a, je pense, une dizaine de mètres de long. Il est lesté par des cailloux et  retenu par des flotteurs : de simples bouteilles en plastique vides.
Tasikale pose son filet.  L'endroit choisi est sur le fleuve, en aval du chinois, pas très loin de la rive Surinamaise. Le filet a, je pense, une dizaine de mètres de long. Il est lesté par des cailloux et  retenu par des flotteurs : de simples bouteilles en plastique vides.
Tasikale pose son filet.  L'endroit choisi est sur le fleuve, en aval du chinois, pas très loin de la rive Surinamaise. Le filet a, je pense, une dizaine de mètres de long. Il est lesté par des cailloux et  retenu par des flotteurs : de simples bouteilles en plastique vides.

Tasikale pose son filet. L'endroit choisi est sur le fleuve, en aval du chinois, pas très loin de la rive Surinamaise. Le filet a, je pense, une dizaine de mètres de long. Il est lesté par des cailloux et retenu par des flotteurs : de simples bouteilles en plastique vides.

Retour au village

Retour au village

Nous sommes arrivés avec une douzaine de kilo de produits alimentaires choisis en fonction des conseils qui nous ont été donnés. Des lentilles, du riz, des pâtes, de la sauce tomate des barres de céréales...et à la dernière minute des soupes chinoises minut'maid en quantité, un concombre et un kilo de pommes.

Finallement Linia et sa famille n'aiment pas les lentilles et ne semblent pas vraiment fan de la plupart des produits que nous apportons. On peut trouver des féculents chez le chinois, par contre les fruits sont rarissimes et nos pommes font figure de trésor qui sera dégusté petit à petit par la famille...

La prochaine fois je prends surtout ..des pommes, et quelques concombres...

La soirée est étrange. Linia nous dit qu'elle nous appelera pour le diner et ne veut pas de notre aide.  Nous attendons longtemps sous le Tukusipan. Tandis que la télé chez Linia íllumine la terrasse où des ombres se balancent dans les hamacs ou circulent dans l'obscurité.

Nous avons fini par manger avec eux et bavardé un peu. Au fil des jours, nous serons plus intégrés dans la famille.

Mais la suite au prochain article. Là nous allons nous coucher, Le réveil est prévu à l'aube pour aller lever les filets 

Promis je vous livre la suite bientôt...

Promis je vous livre la suite bientôt...

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